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(d’une valeur de 250€)Résultats en chute libre : pourquoi le cours de Rémy Cointreau s'envole ?
Le marché de la vente de vins et spiritueux est d’une importance fondamentale pour notre pays.
Derrière l’aéronautique, il est le deuxième secteur d’exportation à l’international devant le luxe et la cosmétique.
La pandémie du coronavirus et ses conséquences sanitaires et économiques n’ont pas épargné les acteurs de cette industrie.
Stradoji revient sur les difficultés rencontrées par le business des vins et des spiritueux, et analyse le cas spécifique du groupe Rémy Cointreau.
Une filière fragilisée
Si l’année 2019 a été très bonne pour les exportateurs de vins et spiritueux, avec une hausse de 0,7% des volumes et 5,9% de la valeur, la profession s’inquiète d’une année 2020 qui s’annonce très difficile.
Ainsi, les spécialistes constatent une double tendance qui impacte actuellement de plein fouet les activités de la filière :
- une baisse de la consommation d’alcool au niveau national
- une décroissance du marché qui s’accélère
Entre sanctions américaines, Brexit dont les modalités sont encore floues, et épidémie du coronavirus qui s’est répandue de la Chine au reste du monde, les craintes concernant les trois premiers marchés d’exportation sont majeures.
Les 3 marchés d’exportation durement impactés
- US : En octobre dernier, Donald Trump a relevé les taxes douanières sur les vins français, alors que les États-Unis sont le premier débouché à l’exportation des producteurs de l’hexagone – la moitié de la production de Cognac est par exemple vendue au pays de l’Oncle Sam. Á noter que ni les vins italiens ni ceux du Portugal ne sont touchés par une décision similaire, renforçant ainsi leur compétitivité face aux vins français.
- Grande-Bretagne : Les acteurs de la filière attendent un nouveau coup dur avec le Brexit d’ici la fin de l’année, qui devrait limiter les débouchés.
- Asie : Depuis la fin 2019, déjà en raison des manifestations à Hong Kong, la pandémie du Covid 19 a également des conséquences lourdes sur l’un des marchés les plus dynamiques pour les spiritueux.
A savoir l’Asie avec la Chine et le Japon qui ont drastiquement limité leurs importations d’alcool en provenance de l’hexagone.
Rémy Cointreau : des résultats trimestriels moins catastrophiques que prévus !
La filière des vins et spiritueux a été, comme le secteur du tourisme, immédiatement frappée par les mesures de confinement et le ralentissement économique de l’activité.
C’est dans ces conditions que le groupe Rémy Cointreau, spécialiste de spiritueux, et plus spécifiquement dans la fabrication et la vente de Cognac, a présenté ce jeudi 04 juin la publication de ses résultats annuels.
Le numéro deux français des spiritueux a accusé lors de son exercice 2019/2020 un bénéfice net en baisse de 26,9% pour les raisons évoquées ci-dessus
. Le résultat opérationnel courant a reculé de 22% en organique, alors que les analystes tablaient sur une baisse de 24,8%.
Alors que les prévisions de ventes pour le premier trimestre (clos fin juin) tablaient sur une chute de 50 à 55% de son chiffre d’affaires sous l’effet d’un important mouvement de déstockage en Chine et du ralentissement inédit des marchés européens et américains, le groupe constate ces dernières semaines une évolution plus favorable qui permettra de limiter le repli à 45%.
Ces résultats sont loin d’être bons. Mais ils restent légèrement supérieurs aux attentes, soulageant manifestement les investisseurs.
Une reprise lente et progressive
Le groupe anticipe néanmoins une reprise « très graduelle » de son activité au cours du deuxième trimestre, avec notamment la réouverture de ses sites de production de Cognac et d’Angers.
Par ailleurs, l’évolution plus favorable de la consommation aux États-Unis – de loin le premier marché du cognac, et la « forte reprise » portée par la Chine pourraient porter le deuxième semestre.
Le groupe a noté des signes encourageants en Asie où les bars, restaurants et boîtes de nuit ont rouvert plus tôt que prévu dans des zones clés comme Canton et Shanghai.
Le dividende est maintenu et le titre se défend
Rémy Cointreau, qui a réitéré son objectif de devenir un « leader des spiritueux d’exception », vise désormais une marge brute de 72% (contre 66 l’an dernier) et une marge opérationnelle de 33% d’ici 2030 (contre 21% actuellement).
Et à noter que le dividende de l’entreprise, certes réduit à 1 €, a malgré tout été maintenu.
Depuis le début de l’année, le cours de Rémy Cointreau est en hausse de 13%, et superforme le STOXX 600 qui accuse baisse de 12% depuis le début de l’année.
La révision à la hausse des perspectives a été saluée par les investisseurs jeudi, le cours de Rémy Cointreau a gagné 11,27% à 124,40 euros, prenant la tête du SRD et du SBF 120.
Le cours a poursuivi sa hausse le lendemain pour effleurer les 125€, un plus haut pour l’année 2020.
Ainsi, le groupe voit sa capitalisation se rapprocher de 6 milliards d’euros.
Certes encore loin du géant Pernod Ricard, qui pèse près de 40 milliards au même moment, mais qui reflète des ratios de valorisation nettement supérieurs, soit 37,8 fois les résultats 2019 contre 26,5 fois pour son concurrent.
Le plan de relance de la filiale, ainsi que les mesures de déconfinement devraient parachever la reprise du secteur.