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(d’une valeur de 250€)Période de crise : la question de la rémunération des actionnaires
Il y a encore peu de temps, les stratégies économiques des États visaient généralement l’assainissement budgétaire en enrayant le déficit public, en faisant la promotion du plein emploi, et en facilitant les privatisations.
La situation a changé du tout au tout avec la pandémie du coronavirus.
Stradoji analyse aujourd’hui les initiatives qui se multiplient en pleine crise sanitaire internationale.
Juguler les dépenses des grands groupes pour financer la lutte contre la pandémie !
Depuis quelques semaines, dans le monde, mais aussi en Europe, des voix s’élèvent, notamment celle de la Banque centrale européenne, pour exiger un gel global de versements des dividendes durant la crise du coronavirus :
– Aux États-Unis, de très nombreuses entreprises ont pris la décision de les réduire ou de les suspendre dans un souci de solvabilité pour accroître leurs fonds propres
– En Norvège, le ministère des finances est appelé à se prononcer sur la suspension du versement des dividendes des sociétés cotées pour au moins la durée de la pandémie
– Afin de préserver leur trésorerie, de grands noms de l’assurance britannique – Aviva, Direct Line, Hiscox – ont répondu favorablement aux demandes des régulateurs européen et britannique pour suspendre la rémunération de leurs actionnaires au titre de l’année 2019.
Le gouvernement en appelle au « sens civique »
De son côté, l’État a officialisé sa ligne de conduite sur la question des dividendes auprès des grandes entreprises dont il est lui-même actionnaire : celles bénéficiant d’un soutien financier public n’auront pas l’autorisation de verser un dividende.
Les entreprises cotées sont donc priées de faire un choix cornélien entre bénéficier du soutien de l’État, ou rémunérer la confiance de leurs actionnaires via des dividendes au titre de l’exercice 2019.
Cette interdiction partielle, qui ne concernait au départ que les entreprises où l’État est actionnaire, s’est généralisée à l’ensemble des sociétés dans le contexte actuel de crise sanitaire et économique.
Ainsi, de grands groupes ont déjà renoncé à ces versements (annuels ou trimestriels) pour renforcer leur trésorerie : Safran, Ipsos, Airbus, CNP assurance, Renault, Tarkett, Thalès…
D’autres ont préféré reporter leurs assemblées générales annuelles au second semestre 2020 pour arbitrer de la situation : Air Liquide, Sanofi, Kering, Vinci, LVMH, groupe PSA, Engie….
Certaines sociétés ont par ailleurs tranché pour le versement d’un dividende, mais dont la rémunération est minorée : Dassault Aviation, EDF, Plastic Omnium ou encore Michelin.
Du côté des banques, comme le groupe BNP Paribas ou le Crédit agricole, la période de versement des dividendes est suspendue jusqu’en septembre afin d’engendrer une hausse du ratio de solvabilité de ces dernières, exigé par la Banque Centrale européenne.
Le montant des dividendes non distribués est ainsi mécaniquement réinjecté dans leurs fonds propres.
Il serait opportun d’aborder la question suivante : les sociétés cotées ont-elles la latitude de verser des dividendes en actions, et non en cash ?
Disposition qui aurait l’avantage de préserver leur trésorerie.
Encore une fausse bonne idée ?
Dans le cadre de cette crise sanitaire, il apparaît tout à fait légitime de demander un effort à chaque bénéficiaire des aides massives délivrées, soit par les États, soit par la Banque Centrale européenne.
Comment expliquer qu’une banque cotée puisse verser des dividendes à ses actionnaires, alors qu’elle touche des aides massives en provenance du mécanisme de solidarité européen ?
Bien entendu, c’est inaudible, et cela paraît particulièrement injuste.
Des dividendes pour l’État, mais pas pour les particuliers !
(tweet) Muriel Pénicaud, ministre du travail a enfoncé le clou en précisant à qui ces dividendes ne devaient pas être versés : « Pour les entreprises où l’Etat est actionnaire, même minoritaire, on va leur demander de ne pas verser de dividendes, en tout cas à des particuliers, à des individus, parce que je crois que dans ce contexte, tout le monde doit montrer que le partage de la valeur, c’est aussi une solidarité. ».
Tiens, tiens…
L’État n’oublie pas qu’il est lui-même actionnaire, minoritaire, voire majoritaire dans un certain nombre d’entreprises , et que la rémunération en matière de dividendes lui permet d’abonder son budget annuel.
En l’absence de versement de dividendes, le manque à gagner pour les finances publiques serait considérable !
La ministre oublie qu’il est légalement impossible de verser des dividendes à certains actionnaires, par exemple des fonds d’investissement ou l’Agence des participations de l’État, et pas aux minoritaires, comme les particuliers.
Par ailleurs, en l’absence de versement de dividendes, mécaniquement, les taxes issues des revenus sur les valeurs mobilières seront moins importantes pour l’État.
Selon le bureau de recherche indépendant AlphaValue, « les actionnaires des entreprises cotées seraient en conséquence privés de quelque 18 milliards d’euros, soit près d’un tiers des sommes attendues ».
Et nos gouvernants occultent un élément important.
Un actionnaire, c’est un investisseur qui détient des actions, des produits dérivés, des OPC, des SICAV, ou des contrats d’assurance vie.
Autant d’instruments financiers, fiscalement impactés, qui rémunèrent le risque pris dans l’investissement de sociétés cotées.
Autrement dit, l’actionnaire, c’est aussi un salarié ou un retraité, un consommateur, mais aussi un acteur de l’économie qui soutient AUSSI les fleurons industriels.