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(d’une valeur de 250€)Enquête de la Commission : Fin de partie pour les ambitions de fusion de Peugeot ?
Le groupe Peugeot-Citroën & Fiat-Chrysler pensaient avoir trouvé le bon timing : prendre le virage de la transformation comportementale et technologique de l’industrie automobile en annonçant leur fusion fin 2019.
C’était sans compter le choc économique et industriel majeur induit par la crise du coronavirus, ni les règles européennes de la concurrence. La commission européenne a en effet annoncé qu’elle lançait une enquête approfondie sur les termes et les potentielles conséquences de cette alliance.
Stradoji revient sur la décision de l’agence antitrust européenne et sur les éventuelles conséquences de la décision finale sur la compétitivité des constructeurs européens vis-à-vis de la concurrence asiatique.
Application des règles européennes de la concurrence
La Commission dispose depuis 1989 d’un droit de veto sur les grands projets de fusion des entreprises européennes.
En près de trente ans, plus de 6.000 fusions ont ainsi été approuvées.
Une trentaine seulement a été bloquée.
La commissaire Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne, qui a conservé la gestion des sujets de concurrence, a annoncé que conformément à ses prérogatives, Bruxelles se penchait sur la fusion PSA-Fiat-Chrysler.
La filière automobile fragilisé
Le contrôle de ce rapprochement industriel d’une durée de 4 mois ne préjuge en rien de l’issue finale de la décision de la Commission européenne : autorisation, ou interdiction.
La fusion entre le constructeur italo-américain (Fiat, Chrysler, Jeep, Maserati, Alfa Romeo, Dodge et Ram) et le Français PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel et Vauxhall) doit donner naissance au 4ème constructeur mondial du secteur en volume, et 3ème en chiffre d’affaires, avec des ventes annuelles de 8,7 millions de véhicules et un chiffre d’affaires consolidé de près de 170 milliards d’euros.
Cette alliance vise principalement à mutualiser les plateformes et à amortir plus aisément les investissements dans le développement de la motorisation, et l’électrification, notamment dans une perspective de transition écologique.
L’exécutif européen a désormais jusqu’au 22 octobre 2020 pour rendre sa décision.
Mais le verdict peut-il aller à l’encontre de la compétitivité des deux constructeurs automobile, déjà mis à rude épreuve par la crise sanitaire (-16% de chiffre d’affaires au Q1) en s’opposant à ce rapprochement ?
PSA-FCA : Le nouvel Alstom-Siemens ?
La DG concurrence, qui avait fait dérailler l’an dernier le mariage entre Alstom et Siemens au motif qu’elle créerait une position « ultra-dominantes » dans le ferroviaire en Europe, s’inquiète d’un possible « impact négatif » de la fusion des deux grands groupes automobiles sur la concurrence au sein de 14 États de l’Espace Économique Européen (EEE – et notamment : Belgique, Croatie, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Italie, Lituanie, Luxembourg, Pologne, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie et Royaume-Uni).
En effet, la fusion entre ces deux concurrents directs, pose un problème de concurrence sur le marché très lucratif des véhicules utilitaires – VUL.
En 2019, PSA, leader européen, pèse plus d’un quart de ce marché ; le groupe Fiat 9%.
L’ensemble cumulerait donc près de 34% de part de marché, alors que Renault représente près de 16,4%.
Sur le marché européen, les VUL ne représentent que 2 millions de ventes en 2019, pour 16 millions de voitures vendues.
Le groupe issu de la fusion serait loin du monopole : sa part de marché serait de 34 %. Une dominance toute relative sur un marché étroit, et faiblement protégé des nouveaux entrants.
Compétitivité européenne vs montée en puissance de la concurrence des géants étrangers
Alors que les véhicules utilitaires légers sont un segment de marché encore dominé par les constructeurs traditionnels, ces derniers savent qu’ils doivent s’engager à la fois dans une course aux volumes et aux investissements pour pouvoir passer le virage de l’électrification.
En effet, les constructeurs européens sont confrontés à l’émergence des constructeurs asiatiques, qui érodent leurs marges.
La maîtrise des technologies et les économies d’échelle réalisées sur les marchés asiatiques en font des concurrents redoutables à très court terme.
Et dans le domaine des hybrides et des électriques, véhicules pour particuliers ou VUL, les volumes produits par les constructeurs coréens et surtout chinois leur donnent un avantage majeur.
Du point de vue de l’investisseur
Quels pourraient donc être les conséquences d’une enquête approfondie ?
D’abord, elle pourrait se traduire par des délais additionnels pour une opération déjà décalée par la crise sanitaire.
La fusion était attendue en octobre, elle est désormais espérée au 1er trimestre 2021.
Ensuite, elle peut donner lieu à d’éventuelles concessions qui pourraient-être préjudiciables au secteur, gravement touché par la crise.
Ainsi, les solutions pour limiter les positions « ultra-dominantes » pourraient affaiblir des complémentarités existantes.
Et attention aux remèdes structurels, comme les cessions d’actifs.
Ceux-ci pourraient être d’autant plus coûteux que la crise pèse sur leur valorisation et qu’elles pourraient favoriser la montée en puissance d’acteurs encore très peu présents sur le marché : les concurrents asiatiques.
Malgré les informations liées à l’enquête, les analystes Oddo et Jefferies ont renouvelé leur conseil à l’achat du titre Peugeot, en relevant l’objectif à 19€.
Une bonne nouvelle pour le constructeur français, dont les résultats du Q2 et S1 vont-être déterminants dans les semaines à venir.
Bien entendu, la réponse de la commission européenne le 22 octobre prochain, sera particulièrement scrutée.
Si elle s’avérait négative, elle pourrait remettre en question les velléités de relocalisations industrielles en Europe des deux constructeurs, et pourrait initier une pression vendeuse sur les valeurs cotées de la filière automobile européenne.