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Cycle boursier

Mis à jour le 10 Juin. 2023 à 13h24

Les marchés financiers sont affectés par des fluctuations d’ampleurs variées. Les fluctuations les plus longues – l’enchaînement et les changements de tendances – sont nommées des cycles boursiers.

Un cycle boursier correspond ainsi à une succession de changements de tendances de moyen et long terme, s’étendant le plus souvent de quelques semaines à quelques années, en fonction du marché et du catalyseurs qui leurs sont propres. Les cycles de long terme affectant les grands indices sont particulièrement influencés par les facteurs macro-économiques.

La politique monétaire, mais aussi fiscale et réglementaire, ainsi que les innovations technologiques, est susceptible d’engendrer de tels phénomènes.


En règle générale, les taux d'intérêt – donc la politique monétaire suivie par les banques centrales – sont considérés comme le facteur d’importance principal dans l’appréciation d’un cycle économique affectant toute une économie
.

Et en effet, conscientes de l’importance des taux d'intérêt pour une économie, les banques centrales font fluctuer leurs taux directeurs afin d’obtenir, le cas échéant, des effets contra-cycliques.

Typiquement, de faibles taux d'intérêt favorisent le crédit, lequel se traduira par un afflux de nouvelles liquidités sur les marchés financiers, partant une hausse généralisée des prix des actifs financiers, c’est-à-dire leur inflation.

À l’inverse, des taux d'intérêt plus élevés encouragent l’épargne et découragent le crédit. Cela se traduira par une réduction des liquidités et, toute chose égale par ailleurs, des prix moins élevés sur les marchés.

Toutes les classes d’actifs ne réagissent pas de la même manière à des facteurs fondamentaux identiques, de sorte que leurs cycles ne coïncident pas.

Par exemple, un environnement fortement inflationniste, provoqué par de très faibles taux d'intérêt, sera favorable à l’essor du marché des actions (mais un essor nominal, donc dans une certaine mesure factice), ainsi qu’à l’appréciation du cours de l’or, régulièrement employé pour faire office de couverture contre l’inflation.

D’un point de vue technique, un cycle peu être analysé en 4 phases et un climax.

Notre article se concentrera sur la psychologie des différentes phases d’un cycle.

Sommaire :

Première phase : l’accumulation

Les origines de l’essor sont nommées la phase d’accumulation : le marché était jusque là dans un certain attentisme, sinon des plus bas historiques.

Les premiers participants – la « smart money » – distinguent des opportunités naissantes. Les investisseurs dans la valeur les plus attentifs et les investisseurs disposant d’informations privilégiées et les premiers « techniciens » à percevoir l’émergence d’une nouvelle tendance de fond se positionnent.

Alors que la couverture médiatique est le plus souvent encore relativement pessimiste, les participants « contrariens » profitent de ce pessimisme ambiant pour prendre position à peu de frais.

De façon générale, du début à la fin de cette phase d’accumulation, le sentiment général de marché passe du pessimisme à la neutralité.

Deuxième phase : la participation

Vient ensuite la phase de participation : de plus en plus de participants ont noté les nouveaux plus hauts se dessinant sur les cours boursiers.

Dans une certaine mesure, cependant, le marché financier demeure une anticipation vis-à-vis de l’économie dans son ensemble : les licenciements et le taux de chômage continuent de croître.

Cependant, le plus gros des « techniciens » perçoit cette nette tendance : le prix dessine régulièrement de nouveau plus haut, alors que les plus bas sont eux-mêmes de plus en plus hauts.

À mesure que la tendance est perçue, elle se renforce : les investisseurs et les traders craignent de manquer une bonne occasion de profiter de la tendance. Ils sont ainsi disposés à payer de plus en plus cher pour participer au mouvement.

Ainsi, au fur et à mesure, la peur (de l’opportunité manquée) et l’avarice (un goût irraisonné pour la richesse) sont les deux affects qui motivent un nombre croissant d’investisseurs.

C’est alors que la théorie du « plus fou que soi » prend de l’importance : de plus en plus de participants ont tout à fait conscience que les fondamentaux ne justifient en rien un tel essor des prix, mais ils pensent que d’autres, « plus fous », seront tout de même disposés à acheter leurs titres, de sorte qu’ils en achètent en pensant pouvoir les revendre sans difficulté à des prix avantageux, plus élevés.

Le sentiment de marché passe, petit à petit, d’un l’optimisme mesuré à l’euphorie la plus irrationnelle.

Troisième phase : la distribution

Puis la tendance atteint son climax, son point le plus haut.

Les volumes de transactions se font de plus en plus grands, jusqu’à ce qu’à peu près tous les participants potentiels deviennent des participants de fait, de sorte que l’impulsion haussière perd progressivement de son souffle, car les acheteurs se font de plus en plus rares.

À la fin de cette phase, les traders et les investisseurs le plus judicieux ont souvent déjà prix leurs bénéfices, ne serait-ce que partiellement, ou bien ils ont placé leurs stops de manière de plus en plus serrée. Ils sont en effet persuadés qu’un tel essor ne peut perdurer à ce rythme pour encore bien longtemps.

Voilà pourquoi on nomme ce moment la distribution : les investisseurs encaissent leurs profits. L’argent passe des poches des plus fous et des plus avares à celles des plus judicieux et aux plus méthodiques.

Au point de vue technique, les cours dessinent un climax : un double, un triple sommet ou encore une figure en tête-épaules se dessinent. Le plus haut a été touché. L’énergie bullish est essoufflée. Les cours finissent par casser à la baisse la ligne de cou de l’une de ces deux figures.

Ultime phase : la capitulation

C’est alors que s’amorce un net marché baissier : les investisseurs et les traders adoptant des stratégies de suivi de tendance constatent la fin de la tendance haussière ; ils liquident par conséquent leurs dernières positions : les vendeurs prennent la main et les cours s’effondrent.

Le sentiment général d’euphorie se mêle d’incertitudes. Quand certains perçoivent la fin de la tendance, d’autres persistent à ne voir qu’un « bear trap« , un piège pour les traders souhaitant vendre à découvert. Ils demeurent persuadés que les cours reprendront de plus belle leur ascension.

Cependant, petit à petit, la confiance que les taureaux – les bulls – ont en leur propre analyse s’effrite.

À mesure que le cours poursuit sa baisse, les taureaux abandonnent progressivement leurs positions, soit parce que leurs méthodes leur indiquent à liquider leurs positions, soit parce qu’ils ne peuvent plus honorer la marge inhérente à leur effet de levier.

Contraints de vendre leur position, les participants passent massivement du camp acheteur au camp vendeur, renforçant du même coup la tendance baissière.

Après la peur de manquer une excellente opportunité durant l’essor se succède la peur de se défaire de ses titres trop tardivement : la précipitation conduit à des prix toujours plus bas, par crainte qu’ils ne tombent plus bas encore.

Naturellement, le sentiment général de marché devient à nouveau pessimiste.

Enfin, la fin de la phase de capitulation se confond presque avec la phase d’accumulation d’un nouveau cycle. Après que le marché a effacé au moins 50 % de ses gains, les retardataires reconnaissent enfin leurs pertes et sont contraints de liquider, à leur tour, leurs positions basées sur un trop fort effet de levier.

Les dernières forces haussières capitulent définitivement. Les taureaux sont anéantis. Presque avec ironie, peu de temps après, les premiers investisseurs du cycle suivant prennent leurs positions : les actifs financiers se sont tant dépréciés qu’ils peuvent se révéler intéressants pour les fondamentalistes, plus disposés à adopter des stratégies contrariennes.

En somme

Les cycles boursiers ont toujours existé et continueront d’exister. En dépit de leurs occurrences et réoccurrences, les cycles continuent de se former. Les participants des marchés tendent à oublier que les marchés sont cycliques. Chaque génération apporte en outre son lot d’investisseurs jeunes et naïfs qui n’ont pas encore subi les revers des cycles passés.

Qu’ils soient fondés sur des facteurs dits « réels », tels que l’émergence d’une nouvelle technologie, ou monétaire, tels que les variations des taux d'intérêt dirigés par les banques centrales, les cycles boursiers constituent l’environnement de long terme sur lequel tout sérieux investisseur de long terme doit savoir se situer.

Pour une compréhension plus approfondie des cycles boursiers, on consultera l’ouvrage de Howard Marks, gérant du fonds Oaktree Capital Management : Mastering the Market Cycle.

Mallory
- Rédacteur financier
Mallory est rédacteur financier et spéculateur pour compte propre depuis 2017.
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